Les connaissances actuelles permettent de savoir que la différenciation des émotions se fait de manière progressive, au cours du développement cognitif de l’enfant :
Dès la naissance, le tout-petit exprime ses premières émotions telles que le plaisir, la douleur et le dégoût (notamment en lien avec son alimentation).
A 1 mois, il est capable de sourire en réponse à une personne ou un objet qui lui sourit (ex : peluche souriante).
Vers 3 mois, il peut commencer à faire la distinction entre la joie, la surprise ou la tristesse. En effet, à cet âge, il peut déjà répondre différemment à l’expression du visage de la personne avec qui il est en interaction selon s’il est souriant ou renfrogné.
A partir de 5 mois, il peut distinguer les expressions émotionnelles « positives » de celles qui sont « négatives ».
Vers 7 mois, il peut être capable d’associer des informations de nature émotionnelle à la foisvisuelles (expression du visage) et auditives (ton de la voix).
A 1 an, l’enfant commence à faire la différence entre lui et l’autre, il reconnaît ainsi l’émotion de l’autre : c’est l’empathie affective. L’empathie est l’aptitude qui favorise la compréhension de l’autre en se mettant, au moins partiellement, à sa place. Au cours de sa 2ème année, l’enfant sera en effet de plus en plus sensible aux expressions du visage et aux apparences pour attribuer une émotion à une personne (ex : un sourire signifie que la personne est contente).
Vers 2 ans, l’enfant maîtrise ses émotions de façon minimale et les exprime parfois très vivement. L’apprentissage du langage va contribuer à lui apprendre à les exprimer par des paroles plutôt que par des gestes (lancer, taper, mordre…), puis progressivement de façon plus adaptée.
Entre 4 et 6 ans, la « théorie de l’esprit » émerge : c’est l’aptitude à appréhender les croyances et les désirs d’autrui, puis, à partir de cette base, à imaginer ses intentions et anticiper ses comportements. Cela permet peu à peu à l’enfant de comprendre que l’autre peut avoir un point de vue différent, qu’il a une expérience du monde différente et qu’il peut ainsi penser différemment de lui (et vice versa) : c’est l’empathie cognitive. Il comprend que l’expression d’une émotion, ainsi que son intensité, dépend de la perception de la situation qui est propre à chacun. Vers 5 ans, l’enfant commence également à comprendre qu’il est capable d’imiter une émotion qu’il ne ressent pas et de dissimuler sa propre émotion (ex : sourire alors qu’il est déçu).
Vers 6-7 ans, l’enfant commence à comprendre qu’il est possible d’éprouver deux émotions différentes en même temps (ex : être en colère et inquiet, éprouver de la joie et être soulagé…).
Entre 8 et 12 ans, il parvient à comprendre des émotions plus complexes (émotions secondaires) liées à des règles sociales ou morales (comme la culpabilité, la honte, l’altruisme, la frustration…), mais également liées à la conscience de soi (comme la fierté, la jalousie, l’angoisse…). Il commence alors à comprendre la possibilité de réguler ses émotions (ex : apaiser la colère, faire durer la joie…), par exemple en pensant à autre chose pour réduire l’importance de son ressenti désagréable, en recherchant du soutien auprès d’un tiers ou en continuant à entretenir ce qui lui procure une émotion agréable. Vers 9 ans, il est également capable de se mettre émotionnellement à la place de l’autre en changeant de perspective émotionnelle : c’est l’empathie « mature ».
La « théorie de l’esprit » et l’empathie sont ainsi très liées, elles permettent à l’enfant de comprendre ce que l’autre pense en se mettant à sa place et à la fois qu’il ne pense pas forcément comme lui. Il saisit alors qu’il n’est pas « transparent », qu’une autre personne ne peut pas le deviner complètement, et en même temps qu’il n’a pas forcément accès aux pensées des autres ; on est alors dans la différenciation de l’individu.
Texte paru dans "lalettreatable.org"
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